Auteurs :

Stads, Gert-Jan; Obiang Angwe, Paul

Année :

2011

Publié par :

Institut International de Recherche sur les Politiques Alimentaires (IFPRI); et Institut de Recherches Agronomiques et Forestières (IRAF)

Retour à :

Publications

Au cours de ces dernières décennies, les dépenses consacrées à la recherche agricole au Gabon ont témoigné d’une très grande volatilité. En 2008, le pays investissait 406 millions de francs CFA à la R&D agricole, soit 1,6 million de dollars (en prix PPA de 2005), ce qui représente un niveau extrêmement faible par rapport aux niveaux relevés dans la plupart des autres pays africains. En fait, au vu du taux d’intensité qui ne dépasse pas 0,2 %, le Gabon est l’un des pays de l’Afrique qui investit la part la plus faible du PIBA à la R&D agricole. Par contre, l’effectif total des chercheurs agricoles a graduellement augmenté au cours de ces dernières décennies. On a compté 61 chercheurs ÉTP en 2008. Ces indicateurs mettent donc en lumière un véritable paradoxe : d’une part, le Gabon emploie un nombre croissant de chercheurs agricoles ; d’autre part, pour s’acquitter de leurs tâches, ces chercheurs disposent de ressources extrêmement faibles et irrégulières.

Un autre paradoxe apparaît lorsque l’on considère que le Gabon est l’un des pays les plus développés de l’Afrique alors qu’en termes de R&D agricole, il se range parmi les pays les moins développés du monde. Le Gabon a fait des efforts pour établir des structures de recherche agricole, mais cellesci manquent d’effectifs, d’équipements, de programmes et de financements. Les subventions d’État aux programmes de recherche des instituts du CENAREST sont très irrégulières et souvent ajustées à la baisse au cours de l’exercice budgétaire, ce qui occasionne de graves problèmes financiers. L’absence de budgets de recherche provoque effectivement la
situation dans laquelle un grand nombre de chercheurs des instituts du CENAREST sont ainsi sous-employés, ce qui a des répercussions négatives sur leur motivation. De plus, la rigidité de la fonction publique et la lenteur des procédures relatives à la titularisation et aux autorisations de faire des études à l’étranger font vraiment obstacle à l’avancement des chercheurs gabonais et suscitent démotivation et désintérêt.

Étant un pays à revenu intermédiaire, le Gabon n’est pas un pays prioritaire pour les bailleurs de fonds étrangers qui se tournent d’abord vers bon nombre de ses voisins africains : c’est donc bien au gouvernement national qu’incombe la tâche de doter les agences de recherche des instruments et des moyens financiers nécessaires à leur fonctionnement. En effet, si l’agriculture gabonaise est appelée à devenir un secteur de pointe capable de mener le pays à la souveraineté alimentaire, il faudra que le gouvernement gabonais renforce considérablement et sans délai son soutien à la R&D agricole.