Auteurs :

Stads, Gert-Jan; Sène, Louis

Année :

2004

Publié par :

Institut International de Recherche sur les Politiques Alimentaires (IFPRI); et l’Institut Sénégalais de Recherches Agricoles (ISRA)

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Publications

Au Sénégal, les dépenses consacrées à la R&D agricole ont progressivement baissé depuis le milieu des années 80. Trois principales raisons expliquent cette  diminution : la nationalisation de la recherche agricole ayant entraîné à grande échelle le remplacement des chercheurs expatriés par du personnel local moins coûteux, le départ de nombreux chercheurs ayant quitté les deux organismes d’État (l’ISRA et l’ITA) pour des emplois plus lucratifs au sein d’organismes de recherche internationaux ou dans le secteur privé, ainsi que l’orientation de l’ITA vers davantage d’activités extérieures à la recherche. Au cours des années  1991-2004, l’ISRA a été fortement tributaire de deux projets consécutifs : le PRA-II, financé par un prêt de la Banque Mondiale et un financement de contre-partie du gouvernement sénégalais, puis le PSAOP-I, financé par un prêt de la Banque Mondiale, le gouvernement national, le FIDA et divers bénéficiaires. Ces projets ont permis des changements institutionnels importants à l’ISRA et renforcé de manière importante sa gestion financière et administrative.

Un des éléments notables du PSAOP-I a été l’introduction du FNRAA, un fonds de recherche compétitif qui a transformé le financement de la R&D agricole au  Sénégal. Tous les organismes publics et privés de R&D agricole sont à titre égal en concurrence pour obtenir un financement du FNRAA. Ce Fonds stimule la recherche pilotée par la demande et la rationalisation du fonctionnement des organismes. De plus, d’autres changements empêchent les donateurs de financer des
coûts de recherche déterminés, et comme le gouvernement n’est pas en mesure de combler cette insuffisance de financement, l’ISRA et l’ITA seront tous deux  contraints de rationaliser davantage leur mode de fonctionnement et de développer d’autres sources de financement, telles que les fonds générés au niveau interne par la vente des produits et des services. Une deuxième phase du PSAOP est prévue, devant commencer une fois le PSAOP-I achevé (entre la fin 2004 et la mi-2005). Cette phase renforcera probablement cette nouvelle orientation en faveur de mécanismes de financement concurrentiels et de restructuration des infrastructures des organismes afin de favoriser des programmes de recherche efficaces, répondant à la demande et axés sur les exploitants. En dépit de ces changements récents, la capacité de la recherche agricole du Sénégal demeure forte comparée à de nombreux pays de la région. L’ensemble des investissements consacrés à la recherche (le ratio d’intensité de la recherche) ainsi que les taux moyens de dépenses par chercheur restent bien supérieurs à la moyenne africaine. De plus, les chercheurs agricoles du Sénégal sont parmi les plus hautement qualifiés du continent africain. Il est vital de veiller à ce que cette capacité ne s’érode dans le mouvement d’évolution des organismes sénégalais de recherche agricole pour s’adapter au nouveau contexte du financement.