Auteurs :

Stads, Gert-Jan

Année :

2011

Publié par :

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Publications

En Afrique de l’Ouest et centrale, on constate une reprise des dépenses totales consacrées à la R&D agricole, suite à une période de stagnation qui s’est prolongée sur presque toute la décennie 1990–2000. Cette croissance des investissements fut principalement attribuable à deux pays seulement, le Ghana et le Nigeria, dont les gouvernements nationaux s’étaient engagés à rehausser des niveaux de salaires devenus totalement inadéquats et à assurer la remise à neuf d’infrastructures négligées pendant de longues années de sous-investissement. Par contre, les données recueillies pour a majorité des pays francophones de la sous-région révèlent soit des dépenses annuelles de R&D agricole en baisse, soit une extrême volatilité. Les niveaux d’investissements nationaux de pays comme le Gabon, la Guinée et le Niger ont baissé au point que, dans ces pays là, on peut douter de l’effet que peut avoir la R&D agricole sur le développement rural et la réduction de la pauvreté.

Tout comme les investissements, la capacité humaine totale consacrée à la R&D agricole dans l’Afrique de l’Ouest et centrale a connu une hausse depuis le tournant du millénaire, mais la croissance considérable des ressources humaines au Nigeria a éclipsé les niveaux en baisse notés, entre autres, dans la République du Congo, au Niger et au Togo. En outre, bon nombre des nouvelles recrues au Nigeria étaient de jeunes scientifiques n’ayant qu’une licence/BSc, ce qui entraîna une diminution des niveaux moyens de qualification des personnels de recherche agricole au cours es années 2001–2008. De nombreux pays ont mentionné des gels de recrutement prolongés, conjugués au départ à la retrait ou bien à la démission de chercheurs cadres, ainsi que des opportunités de formation restreintes et le vieillissement global d vivier de scientifiques. On constate néanmoins qu’en moyenne, es chercheurs agricoles de l’Afrique de l’Ouest et centrale ont des niveaux de formation et de qualification plus élevé que leurs collègues dans d’autres régions du continent africain.

De nombreux pays d’Afrique subsaharienne, notamment les pays francophones de l’Afrique de l’Ouest et centrale, continuent à être lourdement tributaires des flux irréguliers de financements des bailleurs de fonds et des prêts des banques de développement. Dans bien des cas, la clôture d’un projet de grande envergure financé par l’aide au développement, a précipité le pays bénéficiaire dans une crise financière grave, et les gains du projet se sont effrités en bien peu de temps. La R&D agricole étant par nature une entreprise de longue haleine, il est évident que seul un effort de financement régulier et visant le long terme permettra d assurer que les progrès réalisés au niveau des systèmes nationaux de recherche agricole pourront être soutenus et développés. Il est à espérer que la réalisation du PPAAO/WAAPP et d’autres projets dans la région aboutisse à la résolution de certaines des questions évoquées et, de ce fait, ouvre la voie à une stabilisation à longue échéance des niveaux d’investissements.

L’examen des recommandations stratégiques émises dans différents rapports et comptes rendus de conférences de haut niveau, ainsi que la prise en considération des diverses contraintes de ressources financières et humaines décrites dans le présent rapport, ont permis de formuler les recommandations politiques suivantes. Les gouvernements nationaux devront remédier aux conséquences d’une période de sous-investissement longue de plusieurs décennies, en accordant des subventions plus élevées et plus stables à la R&D agricole publique et en créant un environnement plus propice au développement de la R&D du secteur privé. Ils devront de plus formuler des priori tés de R&D pour le long terme et élaborer des programmes de recherche conformes à ces priorités ; il importe, par ailleurs, de veiller à ce que les financements de l’aide au développement soient mieux alignés sur les priorités établies. À cela s’ajoute que gouvernements (et bailleurs de fonds) devront d’urgence relever les défis limitant la disponibilité des ressources humaines pour la R&D agricole. L’effort d’investissement au profit du secteur de l'enseignement supérieur doit être intensifié pour renforcer l’offre de formation en augmentant le nombre et la taille des programmes d 2ème et de 3ème cycles et améliorant le contenu des cursus e place. Pour terminer, il est impératif que la R&D agricole soit maximisée aux niveaux régional et sous- régional, vu que de nombreux petits pays ne disposent pas des compétences minimales leur permettant produire des résultats de recherche de haute qualité et d’y accéder.