Auteurs :

Stads, Gert-Jan; Ndimurirwo, Léonidas

Année :

2011

Publié par :

Institut International de Recherche sur les Politiques Alimentaires (IFPRI); et Institut des Sciences Agronomiques du Burundi (ISABU)

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Publications

Les événements politiques de 1993 ont eu un impact néfaste sur la R&D agricole burundaise. L’infrastructure de recherche a été en grande partie détruite ou endommagée, les bailleurs de fonds étrangers ont suspendu leur assistance et les niveaux d’investissement et des effectifs de chercheurs agricoles ont dégringolé radicalement. Il a fallu attendre l’accord de paix signé en 2003 pour voir le retour sur scène des deux principaux bailleurs de fonds, la Belgique et la Banque mondiale, et assister à une timide reprise des investissements en R&D agricole. En 2008, les investissements du Burundi dans la R&D agricole se montaient à 3,3 milliards de francs burundais, soit 9,6 millions de dollars (en prix PPA de 2005), niveau toujours bien inférieur aux niveaux enregistrés avant la crise de 1993. La courbe des effectifs de chercheurs agricoles aiche également une tendance à la hausse depuis la signature de l’accord de paix : en 2008, on a compté 98 chercheurs agricoles ÉTP actifs dans le pays.

Nonobstant cette lente reprise, il reste bon nombre de déis majeurs à relever. L’ISABU, la principale agence de R&D agricole du pays, ne dispose pas d’une « masse critique » de chercheurs titulaires d’un doctorat/PhD, contrainte grave qui l’empêche de mener des programmes de recherche de haute qualité et d’attirer des financements de l’extérieur. Aux yeux des scientiiques burundais, l’institut passe pour un employeur peu attrayant, principalement parce que les salaires qu’il accorde
sont si bas par rapport à ceux qu’offrent les universités, les ONG et les organisations internationales. Pour remédier à cette situation, le gouvernement burundais a modifié le statut des chercheurs de l’ISABU en décembre 2010 de sorte que l’institut puisse mieux rémunérer son personnel de recherche. Il reste à espérer que, grâce à cette mesure, l’ISABU aura désormais plus de facilité à s’attirer du personnel de recherche et à le maintenir.

Les retombées de la crise sociopolitique qui a secoué le Burundi durant plus d’une décennie, ainsi que les effets néfastes des perturbations climatiques survenues plus fréquemment depuis 2000, ont affaibli le secteur agricole burundais. La R&D agricole peut intervenir et jouer un rôle crucial pour augmenter la production et améliorer les revenus des populations rurales et, de ce fait, accroître la sécurité alimentaire et combattre la pauvreté. Le gouvernement burundais se doit donc de définir avec précision les priorités nationales de R&D et d’élaborer des programmes de R&D agricole pertinents, spécifiques et cohérents. L’accomplissement de progrès réels implique nécessairement un appui soutenu à long terme du gouvernement national, des bailleurs de fonds et du secteur privé.