Auteurs :

Stads, Gert-Jan; Guèye, Sileymane; et Dia, Mamadou Lamine

Année :

2010

Publié par :

Institut International de Recherche sur les Politiques Alimentaires (IFPRI); et Centre National d’Élevage et de Recherches Vétérinaires (CNERV)

Retour à :

Publications

La Mauritanie étant un pays désertique faiblement peuplé, l’on comprend aisément que les investissements totaux réalisés dans la R&D agricole y sont  sensiblement inférieurs aux totaux enregistrés dans bien d’autres pays ouest-africains. En 2008, l’effectif total de R&D agricole exprimé en ÉTP était de 74 chercheurs, et les investissements réalisés par le pays dans la R&D agricole se montaient à 752 millions d’ouguiyas, soit 8 millions de dollars PPA (l’un et l’autre exprimés en prix de 2005). C’est la pêche qui domine le système mauritanien de recherche agricole. La conclusion en 2002 d’un accord sur la pêche entre la Mauritanie et l’Union européenne déclencha une importante arrivée de fonds, grâce à laquelle l’IMROP put accéder au statut officiel d’institut et renforcer ses  capacités humaines. En 2008, la création de l’ONISPA, érigé à partir d’un département de l’IMROP, provoqua une baisse globale des capacités et dépenses de l’IMROP ; or le renouvellement des accords de pêche signés avec l’Union européenne et avec le Japon devra assurer à l’institut un financement relativement stable des ses activités de R&D dans les années à venir.

Ainsi la situation de l’IMROP présente un contraste frappant avec celle des deux principaux organismes de recherche agronomique, vétérinaire et zootechnique de la Mauritanie, à savoir le CNRADA et le CNERV. En effet, depuis l’achèvement, fin 2000, du PSA que finançait un prêt de la Banque mondiale, des contractions budgétaires ont frappé l’un et l’autre des ces deux centres. Les perspectives de formation y sont limitées et les chercheurs retraités ne sont pas remplacés : il s’ensuit un vieillissement progressif de leurs personnels scientifiques. À l’Université de Nouakchott, la situation est nuancée dans la mesure où certains  départements ont pu recruter de jeunes professeurs.

En conclusion, l’analyse du système de R&D agricole de la Mauritanie révèle une dichotomie : d’un côté, il y a l’IMROP qui bénéficie d’un financement relativement favorable et dispose d’installations modernes ; de l’autre, on note que les entités telles le CNRADA, le CNERV et les autres agences d’enseignement supérieur sont en proie à des difficultés financières qui les empêchent de pouvoir attirer des chercheurs hautement qualifiés. Or il est d’importance cruciale que toutes les agences mauritaniennes de recherche agricole puissent compter sur un appui financier soutenu : l’aide ne doit pas viser uniquement le secteur de la pêche, générateur de revenus. Elle est particulièrement nécessaire aux organismes dont le but principal est de favoriser l’augmentation de la production animale et végétale urgemment requise et de promouvoir les initiatives de développement destinées à alléger la pauvreté rurale. Malheureusement, à l’heure actuelle, le manque de ressources et de capacités ne permettent pas de mettre en oeuvre une politique de S&T de grande envergure au profit du secteur agricole.